Les Chutes d’Iguazú / Cataratas del Iguazú

De Venise au Mont Huashan au Machu Picchu (sans parler des bouchons sur l’Everest) et disons une trentaine d’autres sites comme ceux-ci, où tout le monde (ou presque) rêve d’aller. Les hauts lieux et autres perles et trésors de notre magnifique planète, sont devenus, notamment grâce à la croissance du pouvoir d’achat et à la révolution des transports, accessibles à un nombre croissant de personnes . . .

C’est une réalité et il faudrait être un bien triste sire pour s’en plaindre et vouloir revenir au moyen âge, ou même à une époque pas si lointaine ou seul quelques « happy few » appartenant à une castes de privilégiés avaient accès à ces trésors. 

Pour autant, aussi beau soit le spectacle du glacier Perito Moreno ou des Chutes, il est difficile de faire abstraction de la horde de visiteurs venus du monde entier pour voir le spectacle et avec qui, bon gré mal gré, nous devons partager les passerelles et autres espaces aménagés pour canaliser la foule..

Inutile de préciser que ne pouvons ignorer participer, au moins à part égale, à la promiscuité du lieu, pas plus qu’en aucun cas nous ne pouvons prétendre être autre chose qu’un de ces milliers de touristes venus pour faire la x’ème photo de cette merveille de la nature.

Plus terrible encore, même avec beaucoup de mauvaise foi nous ne pouvons nous plaindre de cette foule sans que mécaniquement nous nous plaignions de nous même !

Fort de cet amer et terrifiant constat, il est naturel, voir salutaire de se poser la question : comment échapper à ce compliqué dilemme présentant deux prémisses aussi divergentes ? Faut-il y aller mais par là-même participer à l’encombrement du site ? Ou ne pas y aller et risquer d’être frustré à vie de ne pas avoir ressenti le frisson que procure cette énorme fontaine déversant ces millions de mètres cubes devant vous.

Enfin, l’on peut toujours se consoler en rêvant d’être Álvar Núñez, qui le 31 janvier 1542 et alors qu’il était en route vers Asuncion fut le premier Européen à avoir découvert les chutes.

« Loin de l’endroit où l’on s’était embarqué le courant forme une chute par-dessus des rochers fort élevés. L’eau, en tombant, produit un si grand fracas qu’on l’entend a plusieurs lieues, et l’écume chassée avec violence s’élève à la hauteur de deux lances et plus. Il fut nécessaire de sortir des canots, de les tirer de l’eau et de les transporter par terre jusqu’au delà de la cataracte. On les transporta à force de bras pendant plus d’une demi-lieue, ce qui occasionna des peines extraordinaires. » Alvar Núñez Cabeza de Vaca

Il y a des chances, cependant, qu’après deux ou trois écrasement d’orteils, en pleine extase devant la « Garganta del Diablo », vous soyez sortis de vos songes par une plus prosaïque réalité- – – Et vous voilà, quelques siècles plus tard, presque malgré vous, appuyant frénétiquement sur la touche « send » de votre smart phone pour poster le magnifique selfie que vous venez tout juste de réaliser devant ce somptueux décor !

Ps : Avant qu’Alvar Núñez « like » dans son journal de bord les chutes D’Iguazu et transforme ce joyau de la nature en destination populaire, les indiens Guaranis, afin de garder le lieu secret les nommaient les « Chut ! d’Iguazu » (Pour ceux qui douterais de cette info exclusive nous la tenons de la page Facebook des descendants directs d’Alvar, pour vous dire si nous sommes informés (et toc !) . . . ).

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