Toujours Là !

Sur une petite carte fixée au dessus du passage qui mène de la cellule à la cabine de Babou (notre camion), il y a une citation de Paulo Cohelo ; « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse essayez la routine elle est mortelle » même si cet aphorisme est plutôt amusant, il n’est pas forcément vrai : non que la routine ne soit pas potentiellement mortelle, mais plutôt qu’elle dissimule « une aventure qui sommeille ». 

Avant notre départ de nombreuses personnes avec qui nous parlions de notre projet semblaient partagées entre l’enthousiasme et le doute, « mais c’est l’aventure s’exclamaient-ils !  » Et oui! répondions nous. Même si pour nous, l’idée c’était plus le voyage que la recherche d’aventure. D’ailleurs l’aventure ne commence t-elle pas le jour de notre naissance et pas forcément lorsque nous décidons de partir en camion à l’autre bout du monde.

En effet qui peut être certain en se réveillant de quoi sa journée sera faite ? Même si pour beaucoup cela semble écrit d’avance, il peut suffire d’un battement inopportun d’aile de papillon à l’autre bout du monde pour que les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu. « L’aventure » peut s’inviter à tout moment dans notre vie et ne se gène pas, que l’on soit en camion en Amérique du Sud, à vélo en Transylvanie ou bien même, chaussons aux pieds, dans le canapé de la maison familiale dans laquelle nous sommes nés et avons passé toute notre vie. 

Nous concernant, c’est au mois de mars en Bolivie que nous avons commencé à comprendre que quelque chose d’inattendu allait bouleverser tous nos plans. Contrairement à beaucoup ce n’était pas le Coronavirus qui quittait alors la Chine pour aller sévir en Europe qui nous préoccupait. – Non, ce qui nous préoccupait c’était la santé de Camille car elle semblait très fatiguée.- Alors qu’il y a peu encore, nous faisions des promenades assez longues à pieds et à vélo, depuis quelques temps, le moindre petit effort semblait la fatiguer de manière anormale. Afin d’en avoir le coeur net, de passage à La Paz, nous nous sommes rendus dans un hôpital « Del alto » pour voir un médecin..- Après divers examens, le médecin diagnostiqua une Anémie sévère et nous prescrit un traitement à base de fer en nous conseillant d’attendre un mois avant de faire de nouvelles analyses et de contrôler si les médicaments avaient amélioré son état..

Après avoir quitté la Paz nous passons 3 jours à Copacabana à la frontière du Pérou avant de nous dirigés vers Arequipa.- En quelques jours non seulement la santé de Camille ne semblait pas s’améliorer mais se détériorait un peu plus, son teint avait blanchi et elle montrait des signes de fatigue de plus en plus importants comme si une accélération dans le processus de la maladie c’était produit.- Arrivés à Arequipa nous nous rendîmes de suite à l’hôpital le plus proche pour faire de nouvelles prises de sang- Quelques jours après, (hôpital fermé le week-end) nous recevions enfin les résultats qui n’étaient pas bons.- Ses plaquettes, globules rouges et globules blancs, avaient chuté… Après avoir enfin trouver un hématologue, il nous confirma que l’état de Camille était très préoccupant, qu’elle nécessitait une transfusion et qu’il fallait l’hospitaliser d’urgence car nous risquions de la perdre.- Difficile de raconter en quelques mots les jours qui suivirent, ce que cela représente au Pérou de trouver un hôpital qui vous accepte alors qu’ils sont déjà bondés et surchargés et qu’il n’y a aucun médecin à qui parler et aucun lit de libre- Comment justifier que la vie de son enfant est en danger alors que les couloirs sont pleins et qu’ils faut littéralement faire du coude pour parler au médecin débordé qui vous renvoie pour la 5eme fois depuis 4 heures dans la file d’attente..

Ironie du sort ou coïncidence bienveillante, alors que le Covid est synonyme pour beaucoup de catastrophe, il nous a donné un bon coup de pouce- Un médecin passant dans le couloir alors qu’il arrivait pour prendre sa garde, voyant l’état dans lequel était Camille; qui toussait, grelotante avec de la fièvre, au milieu de dizaines d’autres personnes, qui patientaient, a pensé qu’elle avait le Coronavirus- Par précaution il a préféré l’isoler, pour plus tard dans la nuit, l’hospitaliser- Sans ça, sans l’admission aux urgences et les transfusions qui ont suivit, Camille ne serait certainement plus de ce monde. 

Quelques jours plus tard un avion sanitaire à été dépêché pour la rapatrier à Toulouse à l’hôpital des enfants où nous avons appris, après un prélèvement de la moelle osseuse, qu’elle avait une Leucémie. 

Les traitements ensuite ont commencé très rapidement et même si nous savons que c’est un processus assez long et exigeant, nous sommes confiants car elle va de mieux en mieux …

 

Le camion est resté au Pérou et malheureusement notre chien Disco aussi- Iil était impossible de le ramener sans le fameux « Titrage antirabique », il nous manque,. nous lui avons trouvé une famille d’accueil qui s’en occupe, nous sommes impatients que les frontières ouvrent à nouveau pour pouvoir enfin le ramener.

« Un Happy-end? » – « Happy », yes sans aucun doute – « End » non certainement pas, l’aventure continue pour nous comme pour chacun d’entre nous – .

En attendant ? nous profitons de chaque jour, de chaque instant… 

Nous allons continuer de poster des photos de notre voyage car il se trouve que notre site avait plusieurs mois de retard, c’est à dire qu’alors que nous diffusions des photos du Paraguay nous étions déjà en Bolivie, nous avons encore pas mal de photos et petits films à partager du coup à tout bientôt donc pour de nouvelles – – –

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